On assiste à la fin du 6ème siècle à une véritable guerre autour de la famille du sorcier Chilpéric, roi de Neustrie, qui est entouré de sorciers et de sorcières qui veulent tous son pouvoir et qu’il est incapable de contrôler. Résultat : une avalanche de maléfice, de mort et d’intrigue qui entraîne dans la mort de nombreux sorciers, dont certains sont torturés et tués par des moldus.
En 578, la Reine Frédégonde, puissante sorcière, perdit un de ses fils, qui mourut d’une obscure malédiction répugnante. Les courtisans, pour faire leur cour à la reine, accusèrent le général Mummol, qu'elle haïssait, de l'avoir fait périr par ses charmes et maléfices. Le général Mummol était lui aussi un grand magicien et Frédégonde qui craignait de l’attaquer de front le fit accuser de sorcellerie pour lui nuire dans le monde moldus. Pour ce faire, la reine fit arrêter plusieurs femmes de Paris, qui confessèrent au milieu des tortures qu'elles étaient sorcières, qu'elles avaient tué plusieurs personnes, que Mummol devait périr, et que le prince avait été sacrifié pour sauver Mummol. On redoubla alors leurs tourments ; les unes furent brûlées, d'autres noyées ; quelques-unes expirèrent sur la roue.
Après ces exécutions, Frédégonde partit pour Compiègne, et accusa Mummol auprès du roi. Ce prince le fit venir ; on lui lia les mains derrière le dos, on le pendit à une poutre, après quoi on se mit à le juger. On lui demanda quels maléfices il avait employés pour tuer le prince. Il ne voulut rien avouer de ce qu'avaient déposé les sorcières, mais il convint qu'il avait souvent charmé des onguents et des breuvages, pour gagner la faveur du roi et de la reine.
Quand il fut retiré de la torture, il appela un sergent, et lui commanda d'aller dire au roi qu'il n'avait éprouvé aucun mal. Le roi Chilpéric, entendant ce rapport, s'écria : Il faut vraiment qu'il soit sorcier, pour n'avoir pas souffert de la question !... En même temps il fit reprendre Mummol ; on l'appliqua de nouveau à la torture ; on le déchira de verges à triples courroies, on lui ficha des pieux sous les ongles des pieds et des mains ; et, quand on se préparait à lui trancher la tête, la reine lui fit grâce de la vie, se contentant de prendre tous ses biens : même pour assouvir une vengeance on ne fait pas mettre un sorcier a mort par des moldus! On le plaça sur une charrette qui devait le conduire en terre des sorciers, où il était né ; mais il ne devait point y mourir : tout son sang se perdit pendant la route, et il expira d'épuisement et de douleur en terre moldus.
On brûla tout ce qui avait appartenu au jeune prince, autant à cause des tristes souvenirs qui s'y attachaient, que pour anéantir tout ce qui portait avec soi l'idée du sortilège .
Pendant que ceci se passait à la cour, un paysan d'Auvergne fut griffé par un «diable». Ils avouèrent qu'ils l'auraient noyé s'ils avaient pu. Heureusement pour ce paysan, il avait mangé du pain bénit .
Dans les deux années suivantes, la nature souffrit des dérangements extraordinaires ; plusieurs fleuves se débordèrent, et firent d'énormes ravages ; on vit les arbres refleurir en automne ; il parut une comète dans la Touraine ; on y entendit des bruits effrayants, sans en connaître la cause ; Bordeaux fut ébranlé par un tremblement de terre, et tous les habitants se crurent engloutis ; Orléans fut consumé par le feu du ciel, et des brigands ravirent ce que les flammes avaient épargné. À Chartres, du sang pur avait coulé, disait-on, de quelques pains qu'on avait rompus. La peste fut la suite de tous ces fléaux : la dyssenterie (le sortilège inventé par Mummol) devint épidémique ; elle était accompagnée de fièvres, de vomissements, et de plusieurs circonstances qui la rendent assez semblable à la petite vérole. Chilpéric tomba dangereusement malade ; et il n'était que convalescent quand les deux autres fils qu'il avait eus de Frédégonde furent emportés par la dyssenterie.
Leur mort causa à la reine une douleur inconcevable ; les intérêts du sang à part, elle ne pouvait voir froidement cette triple perte. Elle se trouvait désormais sans appui ; si son mari venait à mourir, elle avait mille ennemis à redouter, et ses barbaries lui avaient fait peu d'amis sur qui elle pût compter. Il ne restait à Chilpéric qu'un fils de sa première femme (Galswinthe soeur de Brunhaut la puissante sorcière ennemi de Frédégonde). Il se nommait Clovis, et comptait environ vingt-cinq ans. Il était le fils d’une autre sorcière, ennemi de Frédégonde que cette dernière avait remplacée sans vergogne dans le lit du roi. Ce jeune prince, que la mort de ses frères rendait l'unique héritier du trône de Neustrie, fut assez indiscret pour s'expliquer sans ménagement contre Frédégonde, qu'il regardait comme son ennemie. La reine, qui n'avait déjà que trop d'inquiétudes sur l'avenir, résolut de s'en débarrasser.
Clovis aimait une jeune fille de basse extraction, moldus de surcroît. Un émissaire de Frédégonde vint dire au roi que ses deux fils étaient morts par suite de maléfices, et que les auteurs de ce double crime étaient connus. « Clovis avait une grande passion pour la fille d'une magicienne ; il avait employé les noirs artifices de sa mère pour se défaire des deux princes ; et, si la reine ne prenait de justes mesures, le même sort lui était préparé. » Le tyran, qui se laissait mener par sa femme, lui permit de faire des informations. La jeune amante de Clovis fut la première victime de Frédégonde ; elle la fit fouetter de verges, et lui fit couper les cheveux, qu'elle attacha audacieusement à la porte du prince. La mère fut mise à la question, et avoua tout ce qu'on voulut pour se racheter de l'horreur des tortures : elle était magicienne, et, de concert avec Clovis, elle avait contribué à la mort des princes.
Frédégonde, munie de ces preuves, en alla rendre compte au roi, qui ne douta plus, et abandonna son fils au ressentiment de sa marâtre. Il fut désarmé, dépouillé même des habits qu'il portait, et des marques de sa naissance, revêtu d'un habit grossier, et conduit, dans ce triste état, devant la reine, qui le fit charger de chaînes et conduire en prison. Là, on procéda à son interrogatoire. Le prince nia fermement tout ce dont on l'accusait ; mais on avait trop besoin de lui trouver des crimes, pour lui laisser le temps de prouver son innocence. Il fut conduit dans un château, où on le trouva poignardé au bout de quelques jours. La reine dit et fit croire à Chilpéric, que Clovis, probablement agité par les remords, s'était tué lui-même. On apporta devant le roi le corps du jeune prince, sur lequel on avait eu la précaution de laisser le couteau ; et Chilpéric porta la stupidité du sentiment jusqu'à voir cette sanglante scène avec indifférence. Les biens de Clovis furent confisqués au profit de Frédégonde.
La femme qu'on avait dite magicienne, et qui avait vu périr sa fille pour un crime imaginaire, se rétracta de tous les aveux qu'elle avait faits ; mais on se hâta de lui imposer silence en la conduisant au bûcher, où elle fut brûlée vive.
Si Frédégonde était féroce envers les magiciens qui pouvaient lui nuire, elle agissait autrement, quand elle n'avait rien à redouter. Elle protégeait même de nombreux sorciers et sorcières. Pendant qu'elle condamnait à mort Mummol et Clovis pour sorcellerie, des femmes hystériques qu’elle protégeait rendaient publiquement leurs oracles, et donnaient à la multitude le spectacle, alors commun, des possessions. De sorte que chez les moldus la confusion était totale.
Ageric, évêque de Verdun, fit arrêter une magicienne qui avait acquis de grandes richesses en découvrant les voleurs et en retrouvant les objets volés. Cette sorcière possédait de grand don de voyance et les utilisait. Torturée elle refusa d’avouer qu’elle travaillait pour le diable (les moldus ont souvent cette idée farfelu). Tandis qu'on avisait aux moyens de lui faire changer de ton, la possédée parvint à s'échapper ; elle se réfugia vers Frédégonde, qui la prit sous sa protection, et sut la cacher aux exorcistes, en la gardant plusieurs jours dans son palais.