Dernière-née des méthodes d’exécution, rejeton de la science médicale, l’injection létale, apparue en 1977, consiste à injecter par voie intraveineuse une solution de trois produits qui, associés, provoquent successivement la perte de connaissance, l’interruption des mouvements pulmonaires et l’arrêt cardiaque. Méthode d’exécution présentée comme à la fois simple, propre et économique, l’injection létale fut rapidement adoptée par trente-sept États américains. Pourtant cette nouvelle invention engendra de violentes polémiques : comment la médecine pouvait-elle s’associer directement à un processus d’exécution ? Et comment peut-on être sûr que le condamné ne souffre pas ? L’injection létale, en apparaissant aux yeux des juges et du public moins cruelle que d’autres types de mise à mort, a entraîné un regain du nombre d’exécutions aux États-Unis. D’une manière générale, ce nouveau mode d’exécution contribue à retarder l’évolution vers l’abolition en autorisant l’opinion publique à se voiler la face en ce qui concerne l’inhumanité de la peine de mort. La seringue serait-elle l’emblème de la peine de mort aux États-Unis ? L’exécution létale illustre cette dimension froide, aseptisée de la peine de mort dans le système judiciaire américain et réussit ce tour de force de faire apparaître la peine capitale comme une sanction prétendument acceptable. On en perd le sens de l’humour.