Au moyen âge, et principalement jusqu’au XIIIe siècle le travail de copie des manuscrits était fait par des scribes, moines recopiant dans des scriptoria monastiques les textes latins et il s’agissait pour l’essentiel de textes religieux, didactiques et savants, aussi des œuvres classiques de la littérature latine ou des traductions en latin d’œuvres produites en grec ou en arabe. Les clercs, les « lettrés », qui savent lire et écrire et commenter les textes sont à opposer aux laïcs qu’on désigne en latin par le terme illitterati (les illettrés). Un chapelain peut être un clerc lisant, par exemple, au service d’un seigneur « illettré » à qui il fait la lecture de textes en langue vernaculaire.
La littérature de fiction et de divertissement en langue vulgaire était reproduite par des copistes, qui se trouvaient dans des lieux de production différents, curiaux ou urbains et commerciaux.
Le roi avait ses propres copistes. Il y en avait aussi dans les grandes cours seigneuriales comme celle, prestigieuse, des ducs de Bourgogne.
Les ateliers de copistes étaient nombreux dans les grandes villes universitaires telles que Paris, Lyon, Londres ou Montpellier, où les universités sont nées au début du XIIIème siècle, avec la montée de la bourgeoisie, et simultanément de la laïcisation et de la vulgarisation de la culture.
Ces ateliers ressemblaient un peu à nos maisons d’imprimerie modernes. Le support était la peau de mouton, parfois de chèvre, (le parchemin) qu’on pliait en 4 (on obtient un cahier in quarto) ou en 8 ( in octavo ) et qu’on rognait une fois le texte copié et les cahiers liés par la couture. Le vélin, lui, est un support fait de peau de veau. En touchant ces manuscrits, on peut sentir le côté lisse, côté chair, et celui plus rugueux, côté poil ; l’observation de l’alternance chair/poil permet de comprendre comment la peau a été pliée et de déterminer le cas échéant l’atelier de copie d’où provient le manuscrit.
Le texte à reproduire était soit lu à haute voix devant un groupe de copistes, soit plusieurs exemplaires existants étaient distribués aux copistes, soit sur un seul exemplaire que se passait les copistes, l’un commençait le travail, un autre prenait le relais (on obtient ainsi un manuscrit à plusieurs mains), soit enfin l’exemplaire était divisé en cahiers que les copistes se distribuaient (ce qu’on nomme le système de la pecia). Dans tous les cas, des erreurs de toute sorte étaient possibles. On a pu constater aussi qu’il y avait une périodicité correspondant à des moments de fatigue du copiste. Les sauts du même au même sont appelés « bourdons ».
On appelle « palimpseste » un manuscrit dont les pages ont porté successivement deux textes, le premier ayant été préalablement gratté afin de fournir un support vierge à un nouveau texte. Au moyen de la lampe dite de Wood on peut lire la trace du texte primitif qui ne se voit pas à l’œil nu.
Les incunables sont apparus au XVe siècle, mais la copie de manuscrits a continué jusqu’au XVIIIe siècle.
Chantal Connochie