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Les Petits Potins de L'Histoire

Les Petits Potins de L'Histoire

Bienvenue sur "Petits Potins de L'Histoire" J'espère que vous prendrez plaisir à me lire .... N'hésitez surtout pas à me proposer des idées ou de créer vous même un article, je mettrai en ligne avec plaisir...


La Corrida Portugaise à l’Ancienne

Publié par Rui Baião de Azevedo sur 5 Août 2007, 19:23pm

Catégories : #Les Traditions

 

La-Corrida-Portugaise-1.jpgJe sais !  
Vous allez directement dire :
« Quel truc de barbares », « Comment est-ce possible de faire souffrir ainsi une bête innocente ». Aujourd’hui, au 21ème siècle, en Europe, comment peut-on encore permettre une telle boucherie. C’est proprement honteux !

La-Corrida-Portugaise-2.jpg
Essayons un instant de voir les choses autrement. Sachons avant tout de quoi on parle.
Tout d’abord, les images que nous connaissons le mieux sont celles des corridas espagnoles, pays où l’attitude vis-à-vis du taureau est totalement différente de la vision portugaise.
En Espagne, tout d’abord un « Picador » entre en scène avec le seul but d’affaiblir le taureau, le faire saigner d’une façon absolument scandaleuse et insupportable pour quiconque aime cet animal fier et altier.
Puis, pendant tout le « combat », on ne cesse de l’amoindrir, de l’humilier, pour finalement le mettre à mort et terminer en exhibant ses oreilles et sa queue qu’on a coupés pour en faire de ridicules trophées.
Là, on peut véritablement parler de barbarie. Il n’y a pas un portugais qui y souscrive à ces pratiques.
 
La-Corrida-Portugaise-3.jpgLa Corrida Portugaise à l’Ancienne est aux antipodes de ces procédés dignes d’un autre âge.
Avant tout, et pas des moindres, il n’y a pas de mise à mort. Le taureau quitte l’arène par ses propres moyens, pour prendre une retraite méritée après une seule et unique Corrida.
En fonction de sa bravoure dans l’arène il sera considéré comme un bon reproducteur, ou un reproducteur d’exception digne des meilleures génisses de l’élevage. 

Les « afficionados » portugais sont un public de connaisseurs avertis et exigeants, n’hésitant pas un seul instant à siffler copieusement ce qu’ils considèreraient mal fait. Ils viennent en famille admirer un duel subtil entre un torero à cheval et le taureau, dans les règles précises d’un véritable art, pas une « boucherie ».
La-Corrida-Portugaise-7.jpgLe torero qui a intérêt à démontrer un profond respect pour l’adversaire, de bien le connaître, mais surtout posséder des chevaux habitués aux taureaux, élevés parmi eux. Le défit est principalement l’œuvre des deux animaux qui tout à tour se mesurent, se provoquent, s’appellent et s’affrontent.
Le cavalier est un partenaire, comme les deux autres, qui a comme fonction principale le placement des animaux dans les meilleures diagonales.
Les fers qu’il place doivent être impérativement mis dans des conditions d’attaque du taureau très précises, mais surtout exclusivement dans la poche de graisse dans la partie supérieure du cou.
Un fer mal placé sera copieusement conspué par le public qui n’hésitera pas à montrer la porte de sortie au cavalier maladroit.
La-Corrida-Portugaise-4.jpgPar contre, un combat dans les règles de l’art sera accompagné par la musique de l’orchestre, ce qui a pour conséquence de déclencher chez le cheval une attitude de véritable ballet, cadencé au rythme de la musique, avec des mouvements proches de la haute école de cavalerie.La-Corrida-Portugaise-5.jpg
Le cheval tour à tour frôle le taureau de sa croupe, agite sa queue devant lui, puis lui fait face et l’appelle par des mouvements des membres antérieures. Il le provoque, fonçant vers lui en feignant une direction pour finalement tournoyer en dernière minute à quelques centimètres de ses cornes. Cela donne un ballet incomparable qui n’a rien à voir avec la « boucherie » espagnole.
Pour finir, le cavalier quitte l’arène, plus ou moins applaudi et un son de trompette appelle les « forcados ».
Les « forcados » sont un groupe de généralement 7 hommes, dont la vaillance n’a d’égal que leur courage, et qui vont affronter le taureau à mains nues.La-Corrida-Portugaise-8.jpg
Comme Ulysse dans l’antiquité, l’homme de tête, en avant d’une dizaine de mètres sur ses compagnons alignés derrière lui, défie le taureau. Il avance vers lui en criant « hey, joli taureau » les bras sur les hanches, attirant d’abord son attention, le fixant ensuite, attendant alors la charge.
Six ou sept cent kilos de muscle en marche, courant vers vous dans la ferme intention d’envoyer en l’air ce ridicule petit bonhomme présomptueux, est un moment d’une rare intensité.La-Corrida-Portugaise-10.jpg
L’homme se jette sur sa tête, referme ses bras autour de son coup, et pendant l’espace des dix mètres qui le sépare de ses compagnons s’applique à ne pas être éjecté.
Lorsqu’enfin tous les hommes tentent d’immobiliser le taureau, s’engage une lutte entre deux paquets de muscles. Sept hommes, généralement représentant une demi tonne, contre 100 ou 200 kilos de plus, bien décidé à remettre à leur place ces minuscules humains.La-Corrida-Portugaise-9.jpg
Un vrai moment d’émotion.
 
Alors on peut être des fervents amateurs ou des détracteurs inconditionnels, mais de grâce parlons en connaissance de cause, pas sur des clichés préconçus.
 
Si vous avez un jour la possibilité, surmontez vos à priori et allez vivre cette expérience sur place.
Vivez l’ambiance, appréciez les costumes d’époque, les lumières et la musique, laissez-vous envoûter par un duel bien plus respectueux de l’animal que vous ne l’imaginez.
Soyez sûrs que ceux qui ne respectent pas ces règles n’ont aucune place ni dans les gradins et encore moins dans l’arène. D’ailleurs, celui qui ne respecte pas le taureau, qui ne l’aime pas, le paye le plus souvent comptant et dans chair. Et c’est bien fait pour lui, ils n’a aucune place dans le monde de la tauromachie portugaise. Et c’est tant mieux.
 
Après avoir vécu un jour cela, mais seulement alors, vous aurez absolument le droit de dire.
« Quel truc de barbares », « Comment est-ce possible de faire souffrir ainsi une bête innocente ».  
 
 
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